samedi 8 janvier 2011

Renaissance et diminutions (1)

A la demande générale, je me fais un plaisir d'inaugurer une série d'articles à propos des diminutions. Eh oui, une série, carrément, car le sujet est vaste ! Et passionnant !

Hmmmm... il me semble en voir quelques un(e)s parmi vous qui ne savent pas encore très bien de quoi-t-est-ce qu'il s'agit (les veinards). Eclairons donc un peu leur lanterne...

Diminution : Principe d’écriture ou d’improvisation qui consiste à « diminuer » des valeurs rythmiques longues provenant d’une ligne mélodique, en général vocale (XVe-XVIIe siècles).
Il existe, dès la fin du Moyen Âge, un exemple remarquable où la virtuosité a donné naissance à une forme et à des procédés d’écriture : il s’agit de l’ornementation d’une ligne mélodique. En passant aux instruments, ce procédé donne naissance à la diminution (XVe-XVIe siècles), au double (1) (en France) et à la variation (2) (pays nordiques et allemands). 

(1) Double : second couplet d’un air qui est varié sur le principe de la diminution ou encore grâce aux agréments (ornements)

(2) Variation : procédé permettant de produire de multiples phrases musicales par des modifications apportées à un  thème

La diminution consiste donc à remplir la durée d'une note longue écrite par des notes courtes improvisées. Ainsi, la durée longue est divisée, et comme diminuée en valeurs courtes.

La hauteur de la note écrite est le point de départ de chaque diminution ; la diminution doit aboutir, par une série de notes conjointes ou non, à la note écrite suivante, les notes de la diminution constituant un «remplissage» mélodique entre les deux notes écrites de la partition.

Cette technique est à l'origine du concept de virtuosité, à l'image du répertoire italien de cornet des XVIe et XVIIe siècles. De nombreux traités (La Fontegara de Sylvestro Ganassi - 1535, Il Dolcimelo de Aurelio Virgiliano - vers 1610) proposent un vaste répertoire de diminutions pour tous les cas de figure : diminutions entre deux notes à l'unisson, à la seconde ascendante, à la seconde descendante, à la tierce ascendante, à la tierce descendante, etc...

Et maintenant, à vos oreilles ! Je vous propose une petite exploration chronologique du monde merveilleux de la diminution, en commençant aujourd'hui par un méga-tube premier au top 50 du XVIe, "De tous biens plaine".

Il s'agit d'une chanson française écrite par Hayne van Ghizeghem (1445-1497?), et reprise sous différentes versions dont celle d'Alexandre Agricola (1446-1506).

En voici d'abord une version "simple" (mais très touchante je trouve) :



Suivie d'une version beaucoup plus ornementée :



Je n'ai pas trouvé de version chantée, mais voici les paroles :

De tous biens plaine est ma maistresse
Chacun luy doibt tribut d'honneur,
Car assouvye est en valeur
Autant que jamais fut déesse.

En la voiant j'ay tel léesse
Que c'est paradis en mon cueur.

De tous biens plaine est ma maistresse
Chacun luy doibt tribut d'honneur.

Je n'ay cure d'aultre richesse
Sinon d'estre son serviteur,
Et pour ce qu'il n'est chois meilleur
En mon mot porteray sans cesse.

De tous biens plaine est ma maistresse
Chacun luy doibt tribut d'honneur,
Car assouvye est en valeur
Autant que jamais fut déesse.

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